Difficile est un bien faible mot ! Mais les hommes ont l’habitude d’exprimer par des euphémismes leurs états d’âme. C’est un moyen de garder la tête froide dans des situations qui paraissent inextricables. Yirgou, Tanwalbougou, Inata, Titao ne sont pas que des images. Ce sont des plaies béantes dans nos consciences. Et elles sont loin d’être les dernières. Les burkinabé sont-ils des âmes damnées ? La réponse à cette question divise. Le contraire aurait été surprenant. Les bonnes consciences ont trouvé un mot savant pour désigner cet état de fait : la résilience. Une manière de dire que les burkinabé sont capables. Ils résistent et ils avancent. Voilà une bien curieuse manière de se donner de la contenance. La réalité est pourtant tout autre. A l’image de leur pays, les burkinabé vont très mal. Devant l’adversité qui nous bouscule violemment, il y en a qui tombent et qui continueront de tomber. Cependant, nous ne mourrons pas tous. Loin s’en faut ! A condition cependant de prendre conscience du mal qui nous ronge et partant de tremper notre volonté d’en finir. Mais comment ? On ne réussira pas si chacun s’enferme dans l’idée que l’enfer c’est l’autre. De mon observatoire, j’écoute et entend les burkinabé et je retiens ceci : personne ne se sent individuellement responsable des malheurs qui nous frappent. Et pourtant !
Interrogeons notre rapport à autrui en ce qu’il y a d‘intolérance, notre rapport à l’argent et la morale qui va avec, notre pratique de la citoyenneté, notre rapport au travail, nos comportements compatibles avec la santé de notre société et de l’Etat. Nous burkinabé, nous devons nous interroger en toute lucidité et honnêteté sur la qualité de nos preuves d’amour pour notre pays. Il ne s’agit pas d’un exercice intellectuel futile. Quand rien ne va dans une maison, poser les bonnes questions devient un impératif catégorique. C’est le premier pas vers les bonnes solutions qui mènent à la délivrance. Alors, il est grand temps que tous les burkinabé, qu’ils soient connus ou pas dans l’espace public, se soumettent à cet exercice réflexif dont l’intérêt est de prédisposer chacun à l’indispensable sursaut salvateur. On ne peut se payer le luxe d’invectives et de rhétoriques inutiles face à un danger aussi dévastateur. Pour paraphraser nos voisins, il faut quitter dans ça !
L’année 2021 s’achève dans la douleur. Faisons en sorte que 2022 ne ressemble pas à celle que nous venons de vivre. Ce vœu est largement à notre portée.