Le 1er Juillet 2024, une échéance redoutable pour le Burkina Faso.

DIALLO Mamadou donne sa lecture sur les perspectives de la fin de la Transition en juillet 2024.

Comme chacun le sait, c’est en principe cette échéance du 1er juillet 2024 qui est convenue avec la CEDEAO pour le terme de la Transition, que le MPSR 2 a tenu à faire acter par les assises des 14 et 15 octobre 2022 consacrant son président, Chef de la Transition et Chef de l’Etat.

Nous sommes donc à 7 mois de cette échéance.

Les partisans du MPSR 2 et certaines des plus hautes autorités de la Transition ne font pas mystère de ce que cette échéance est de pure forme : on réclame par des manifestations des plus officielles une « Transition à vie », on proclame par des voix des plus autorisées que les élections pour le retour à une vie constitutionnelle normale ne sont pas une priorité. Soit !

Mais alors il faut lever deux obstacles de taille.

Eviter une crise institutionnelle : le défaut de légalité et de légitimité des autorités et organes actuels de la Transition qui en découlerait au regard des modalités de la normalisation si l’on peut dire, du Coup d’Etat du 30 septembre 2022 et spécifiquement du serment du président de la Transition prêté devant le Conseil Constitutionnel.

In fine, si l’on veut éviter une telle crise institutionnelle, il faut convoquer de nouvelles assises pour connaître du dossier et décider de la conduite à tenir. A défaut, nous serons devant un troisième Coup d’Etat, institutionnel cette fois-ci, mais toujours à l’actif de l’élite militaire gouvernante. Les Burkinabè instruits par près de 24 mois d’une telle gouvernance applaudiront ils une telle perspective ? Rien n’est moins sûr !

Convaincre la CEDEAO de ne pas nous tenir rigueur et de ne pas adopter les sanctions que l’on sait.

C’est un euphémisme de dire que notre diplomatie sous-régionale et notre politique de partenariats internationaux et de coopération internationale ainsi que les déclarations officielles sur nos grandes capacités stratégiques et militaires face au terrorisme, ne nous y aident guère dans la situation géopolitique actuelle. Le Burkina Faso obtiendra-t-il gain de cause ? Rien n’est moins sûr !

Alors, il faudra se préparer à une augmentation plus que vertigineuse de la Vie Chère avec peut-être pour la première fois de notre histoire, des arriérés conséquents de salaires tant dans le public que le privé et à endurer une dégradation plus que soutenue des conditions de vie des couches populaires déjà à bout, mais aussi et surtout des couches moyennes et supérieures urbaines dont une large majorité sera ainsi engagée dans un processus de déclassement qu’elles redoutent plus que tout. Cela bien naturellement porte les germes d’un élargissement de la contestation de la gouvernance de la Transition. L’instinct de conservation pourrait nous conduire au-devant d’une fuite en avant répressive encore plus inédite. Cela sera-t-il un gage de stabilité ? Rien n’est moins sûr !

Et l’équation de la lutte contre le JNIM et l’EIS dans tout cela ?

Sans nouvelle donne tout cela ne nous met guère en meilleure forme de lutte et, si nos FDS et VDP réussissent à stabiliser les positions, ce sera au prix d’efforts encore plus inouïs et d’un enlisement dans la guerre et tout particulièrement avec l’imbroglio malien devant lequel le monde entier retient son souffle. Le pire est peut-être à venir. Dieu nous en garde !

Alors que faire et comment le faire ?

La sagesse nous recommande de trouver une voie populaire et pacifique pour Refonder la Transition politique qui, selon moi, a cours depuis octobre 2014 avec schématiquement ses deux grandes phases : d’abord de régimes civils, puis de régimes militaires depuis le 24 janvier 2022.

Je voudrais pour ma part, suggérer que cinq collectifs soient mis en avant dans la recherche de solutions.

  • Il s’agit du collectif des autorités traditionnelles et religieuses qui ont négocié la reddition du Lieutenant-colonel Damida afin d’ouvrir la voie à la gouvernance du MPSR 2 qui venait de perpétrer son coup d’Etat ; cela, chacun en convient, nous a évité une lutte fratricide entre différentes composantes de nos FDS aux conséquences qui auraient sans doute été terribles.
  • Il s’agit de l’Unité d’action syndicale (UAS) dont la bienveillance jusque-là à l’égard des régimes militaires depuis janvier 2022 nous a acquis une certaine trêve sociale qui nous a été bien utile dans la lutte contre les groupes armés djihadistes.
  • Il s’agit du Front Patriotique qui s’est constitué afin de porter la recommandation de la convocation d’Assises nationales des légitimités sociales et historiques afin de conforter une transition politique pour une sortie de la crise sécuritaire et la Refondation de l’Etat.
  • Il s’agit du mouvement BUTS, porté sur les fonts baptismaux en juillet 2022 qui a lancé l’idée de la création d’une « convergence des forces patriotiques » afin de recadrer la Transition sous la gouvernance du MPSR 1.
  • Il s’agit de l’Association pour la tolérance religieuse et le dialogue interreligieux (ATR-DI) dont les initiatives et les actions malgré le contexte difficile doivent retenir l’attention.

Ces cinq collectifs pourraient se concerter afin de définir les modalités de construction d’un mouvement populaire et pacifique favorable à la convocation d’assises nationales des légitimités historiques et sociales au plus tard le 15 juin 2024.

Ces assises auraient pour mandat :

  • D’organiser le désengagement de l’armée de la vie politique
  • De définir une stratégie de sortie de la crise sécuritaire, de refondation du vivre-ensemble et de l’Etat.

Une des modalités pourrait être le lancement d’une Pétition avec l’ambition de recueillir au moins 2 millions de signatures au plus tard le 1er juin 2024.

Pour ma part, je verse dans nos efforts de recherche de la paix mon appel pour une mobilisation populaire et pacifique pour gagner la Paix et engager le Refondation au Burkina : https://www.wakatsera.com/burkina-pour-la-fin-de-la-guerre-et-le-retour-a-une-paix-durable/

Comme le disait si bien Joseph KI-ZERBO, Nan an lara an sara !

Bon courage à nous !

DIALLO Mamadou.

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