Une condamnation qui ne passe pas. Les avocats de l’activiste Ollo Mathias Kambou ont relevé appel de la décision de condamnation de leur client, a confié Me Guy Hervé Kam un de ses avocats. Poursuivi pour « outrage à un dépositaire de l’autorité publique », l’activiste Ollo Mathias Kambou a été reconnu coupable et condamné à six mois de prison ainsi qu’à une amende de 300 000 FCFA, le tout assorti du sursis. Le délibéré a été rendu le 04 octobre dernier par la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance (TGI) Ouaga I.
Les juges ont rejeté toutes les requêtes formulées par les conseils de l’activiste. Ce qui a été dénoncé par l’un de ses avocats en occurrence Me Guy Hervé Kam, qui a notamment remis en cause la procédure de justice, la qualifiant d’injuste. « Le premier rôle du juge dans un Etat, c’est de protéger les droits de l’homme, et la procédure a été établie pour la protection des droits de l’homme. Dans le cas de Kambou, la procédure a été royalement violée par la police judiciaire. Quand on vient devant le juge et qu’il donne corps et vie à une procédure viciée, je pense qu’aucun Burkinabè ne doit se sentir en sécurité quand les juges ne font pas de leur office l’occasion de sanctionner les mauvaises procédures. KAMAO a été séquestré, il a été placé en situation de détention arbitraire. Il a été interrogé dans ces conditions. C’est inadmissible que les juges refusent d’annuler cette procédure », s’est ainsi insurgé l’avocat.
Ollo Mathias Kambou avait été interpellé le 5 septembre dernier à la sortie d’une émission spéciale à la télévision Oméga sur le discours-bilan « des cinq mois de la mission de reconquête du territoire national », prononcé par le président d’alors de la transition Paul-Henri Sandaogo Damiba. Son interpellation faisait suite à une publication sur sa page facebook juste après ce discours du lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba. Ollo Mathias Kambou a été placé sous mandat de dépôt le lendemain de son arrestationaprès avoir subi un interrogatoire à la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité (BCLCC) où il était détenu.
C’est la 3è fois dans l’histoire du Burkina qu’un citoyen est poursuivi pour une telle infraction à l’égard du Chef de l’Etat. Les deux autres fois concernaient respectivement l’activiste Franco-béninois Kémi Seba en décembre 2019 et Ernest Nongma Ouédraogo en août 1995.