La côte de popularité des organisations internationales d’Afrique subsaharienne est en baisse. Qu’il s’agisse de l’organisation panafricaine et continentale par excellence ou encore organisation-mère qu’est l’Union Africaine (U A) et des organisations régionales ou sous régionales comme la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest(CEDEAO).Les peuples et populations d’Afrique noire ne se reconnaissent plus dans ces « machins ». La crise de confiance et du manque d’exemplarité ne fait qu’aller crescendo.
Au point où, il faudrait craindre une solution de non-retour. Point n’est besoin de rappeler comment nous en sommes arrivés à cette situation de rejet et, désormais, de défiance. En général, les organisations régionales et continentales doivent être des organisations au service des peuples .Raison pour laquelle, on parle volontiers de « CEDEAO des peuples » par exemple. Or, ces mastodontes en papier glacé se trouvent être pour le citoyen lambda, des organisations ou syndicats des puissants qui nous gouvernent. Au point où, ce même citoyen lambda mais pas bêta commence réellement à s’interroger sur les décisions prises par ces organisations. Trop d’incohérences dans l’esprit d’exemplarité.
Et une politique du deux (2) poids deux(2) mesures. En effet, quand des décisions concernent les mandats de trop, c’est un silence de convenance à l’avenant. Mais, dès lors que des situations extra-démocratiques se produisent, c’est la levée de boucliers et des sanctions tout azimut.
Objectivement, nous comprenons et applaudissons le bien fondé de vivre en démocratie et dans un havre de paix. Mais quand les fondements de la démocratie sont pliés et cela, au vu et au su de tout le monde pourquoi ne pas alerter et sanctionner ? Alors que nos démocraties sont des démocraties hybrides, scannées, végétatives, éruptives, volcaniques, surgelées, alimentaires, et stéréotypées. Conséquence, nous vivons actuellement une situation où plusieurs de nos pays sont à la fois dans une phase de transition. Ce phénomène, nous l’appelons la Transitionite.
Le citoyen lambda ne voit que la main invisible voire visible et lisible des grands seigneurs qui nous gouvernent dans des décisions, qui, faut-il le dire, viennent très tard, la volonté de s’octroyer des passe-droits et de jouir de ces fameux tours de passe-passe pour, eux aussi s’éterniser au pouvoir.
Et voici le dilemme qui oppose les peuples et populations à ces grands et invincibles seigneurs de nos royautés démocratiques à la sauce pimentée. Evidemment par organisations régionales et continentale interposées. Les crises de légitimité en Afrique noire sont très récurrentes et souvent sourdes. Avant d’exploser tel un effet boomerang. Au surplus, les démocraties en Afrique sont des démocraties de désintégration et de putréfaction. Ainsi que démocratie de luxure, de luxation et de pulsation. Nous les voulons meilleures et perfectibles désormais. Et donc, une Démocratie de la Miséricorde : sans corde et sangsue.
Présentement, voici où nous en sommes. Et, comme l’Histoire nous l’enseigne, les peuples sortent toujours vainqueurs des combats qu’ils mènent. Aussi longtemps que durera la nuit, le jour naîtra. Qu’on le veuille ou pas, nous sommes dans une phase active d’une refondation du système politique en Afrique noire. Un séisme politique d’ampleur se dessine.
Nous voulons voir naître de nouvelles organisations plus représentatives et davantage réprésentées.Alors, voici des propositions que nous faisons.
Concernant spécifiquement la CEDEAO, il apparait fondamental de s’attarder sur sa dénomination. En effet, les enjeux politiques et stratégiques font que le mot Economique dans Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) n’a plus sa raison d’être. Clairement, c’est beaucoup plus et lucidement qu’il faudrait parler de Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (CDEAO). Et si on profitait remplacer CEDEAO par CDEAO et, en même temps amener cette organisation régionale à faire sa mue afin de mieux coller aux aspirations légitimes des peuples et populations ?
Trois (3) mots caractérisent une vraie démocratie : élection, référendum et sondage.
Nous avons vu comment les dirigeants Africains ont manipulé les constitutions pour rester éternellement au pouvoir. La voie du référendum aura été la plus classique .Maintenant, pour répondre clairement, nous pouvons aussi établir le même schéma en utilisant le référendum sur des questions-clés en interrogeant les peuples d’Afrique noire le même jour. La CEDEAO comme l’UA peuvent organiser pour une première fois un véritable référendum sur des questions controverses. Les plus pertinentes sont les suivantes.
1°) Etes-vous favorable à un troisième mandat et aux révisions des constitutions dans le seul but (souvent inavoué) de s’éterniser au pouvoir en Afrique ?
2°).Voulez-vous désormais que les présidents choisissent leurs dauphins ou successeurs parmi leurs parents directs ou à un moindre degré un quelconque protégé ? Ou préférez-vous avoir des primaires libres et transparentes dans les partis qui choisiront le candidat à l’élection présidentielle ?
3°) Etes-vous favorable à ce que l’on accorde toutes les garanties aux présidents qui ont duré au pouvoir afin qu’ils quittent les affaires dans la dignité et le respect dû à leur fonction ?
Les réponses permettront de savoir réellement ce que le Peuple Noir veut comme dirigeants. Ce pourrait être une issue favorable de ne plus voir des dinosaures rester au pouvoir ou des momies qui déshonorent l’image de la race noire avec des présidents mal en point qui tiennent coûte que coûte à rester au sommet de la pyramide.
Nous pensons aussi que l’aération démocratique doit se faire par le jeu des sondages réguliers. À l’échelle panafricaine pour des questions cruciales. Aujourd’hui, avec internet tout est facile. Et une grande représentativité du peuple noir peut répondre à des sondages qualitatifs fait et traités par des instituts de sondages d’Africains vivant en Afrique et connaissant nos réalités quotidiennes. Ne laissons plus seulement les présidents effectuer des référendums pour que cela les arrange. Le parallélisme des formes doit être respecté. Il est temps d’ailleurs que les organisations des sociétés civiles d’Afrique noire s’investissent dans cette dynamique du référendum sur toute l’étendue des pays d’Afrique noire. La parade est trouvée pour répondre directement aux personnes utilisant le référendum comme argument.
Aujourd’hui, la véritable représentativité émane du Peuple libre et souverain de ses choix et orientations. Nous pensons que les organisations internationales d’Afrique noire doivent muer pour aller vers une réalité qui colle plus aux peuples. Et avoir des leaders et représentants réellement issus de toutes les couches socio-professionnellesA cet effet, nous plaidons pour la naissance réelle d’une part d’un Parlement des peuples de la CEDEAO et de l’UA.Ainsi que d’un Sénat. Les candidatures indépendantes devraient être acceptées.
Et les compétitions électorales se feront sur la base d’un programme pour chaque candidat. C’est ainsi que nous élèverons le débat. Les députés doivent être élus sur la base du suffrage universel direct. On pourrait avoir le même jour des élections sur toute l’étendue du territoire de la CEDEAO.Le pouvoir législatif permettra de contrôler l’action de la Commission .Cette Commission sera élue sur le même schéma. Chaque candidat(e) se présentera avec son programme. Les commissaires eux aussi devraient être élus soit directement en tandem sur la liste d’un candidat au poste de Président de la Commission soit alors en tant que parlementaire.
Le Sénat verra les différentes catégories socio-professionnelles réprésentées.Comme les syndicats, les religieux et chefferies coutumières, les OSC et Organisation de Défense des droits humains. Et surtout une offre de représentation territoriale. Notre souhait est de voir des représentants issus des villages et villes siéger à ce Sénat. Si chaque village sait qu’il a une voix et un pouvoir de délégation, il se sentira plus à l’aise pour participer aux enjeux réels de dévéloppement.Evidemment, les assemblées issues de ces villages constitueront le corps électoral qui permettra d’élire leurs représentants au Sénat. Nous gagnerons en visibilité.
Quant à la durée du mandat pour toute cette élection depuis le plus petit village jusqu’à celui de Président de la Commission, elle sera de quatre(4) ans non renouvelables. Le président de la Commission et la Commission seront responsables devant l’Assemblée et le Sénat.
Si nous arrivons à avoir une représentativité depuis les villages jusqu’aux villes, nous suggérons d’instaurer un système de veille citoyenne. Des personnalités indépendantes, à la crédibilité irréprochable siègeront dans cette institution. Nous l’appelons Collège Electoral de la Transparence. Nous aurons alors une élection étape par étape des juges de la Transparence. C’est à dire depuis le bas comme le village jusqu’au sommet de sorte que ces juges soient issus de tous les milieux ou couches socio-professionnelles.
Des voies de recours et autres poursuites liées aux attentes à la bonne marche de ces organisations internationales pourraient être adressées et tranchées par cette institution. Le citoyen lambda aura la possibilité de la saisir pour toute plainte ou violation partout sur l’étendue du territoire de la CEDEAO et de l’UA.
L’avantage de ces élections, c’est que nous aurons à entendre la voix de toutes les couches socio-professionnelles. Ce qui permettra réellement de situer les enjeux, envies et attentes des popultions.Il serait nécessaire justement que chaque catégorie socio-professionnelle définisse clairement un Plan d’Action. Par exemple quel Plan d’Action pour la Société Civile ? Et pour les Organisations de Défense des droits humains ? Pour les Scientifiques ? Etc…
C’est ainsi qu’avec toutes ces idées novatrices, nous arriverons globalement à établir un véritable Plan d’Action intitulé : « Prospectives et réflexions analytiques sur le devenir de l’Afrique noire ».Formidablement, chacune et chacun de nous s’y retrouvera.
Autre idée, puisque nous sommes un milliard de Noirs, le moment est venu de créer une Force Militaire Panafricaine qui aura au moins une triple vocation.
D’abord parer à toute éventualité pour les personnes qui veulent s’éterniser au pouvoir en les déposant sans autre forme .Assurer l’Indépendance de la Justice afin qu’elle puisse se prononcer en disant réellement le Droit sans pression. La présence d’une telle Force ferait que plus personne ne songera à modifier la Constitution pour s’éterniser au pouvoir. Et l’indépendance de la Justice permettra de réelles avancées.
Ensuite, cette Force permettra en tant de paix de venir en aide aux populations victimes des catastrophes naturelles et autres notamment causées par le dérèglement climatique et le réchauffement de la planète.
Enfin, elle deviendra une brigade verte qui aidera à la plantation de millions d’arbres en association avec les communautés de bases. On pourrait les appeler les « militaires verts ».N’attendons pas pour nous engager réellement dans cette lutte. Sinon nous subirons plus que les autres les conséquences néfastes du dérèglement climatique. Le prix que nous aurons à payer sera trop lourd pour nous.
Aujourd’hui plus que jamais, en termes démocratiques, l’Afrique noire est à la croisée des chemins. La Démocratie est en berne. Ne démocratisons pas nos reculs…démocratiques. Pour se faire, nous avons besoin fondamentalement d’une nouvelle génération d’hommes et femmes politiques. Des hommes et femmes vertueux qui voient en la politique un sacerdoce et non plus une voie royale pour s’enrichir. En clair, le patriotisme, la dignité, l’honneur, la compétence et non l’appétence, doivent être des vertus cardinales dans l’ADN de nos représentants et dirigeants.
Nous ne voulons plus de ce vampirisme politique et électoral en Afrique noire. Tirons les leçons de ce qu’en Afrique noire nous avons des crises de légitimité et de souveraineté avant qu’elles ne se muent et métastasent en crise de démocratie et de représentativité. Trop de bombes à retardement qu’il faut au plus vite désamorcer. Et pour réussir ce pari, nous devons faire preuve, individuellement et collectivement, de sagesse, de pardon, de don de soi pour la patrie et pour l’Afrique noire.
Et, ce qui nous manque le plus nous Noirs, d’une véritable hauteur de vue, c’est à dire de l’esprit de grandeur de la race noire. . L’Afrique noire –pourtant très riche – est suffisamment et à nul autre pareil, peuplée de vampires politiques .Ou, plus exactement, de vampires politiques. La démocratie en Afrique est synonyme d’un vampirisme alléchant. Et souvent, sans jeu de mot, sanguinaire.
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Hassane BAADHIO.
Ecrivain et Chercheur Indépendant.
Courriel : hassanebaadhio@yahoo.fr .Tél :+ 226 76 63 11 65 et 61 79 20 64.