On se souvient que les grandes purges révolutionnaires qui avaient frappé les agents publics de l’Etat avaient également touché l’armée nationale. A l’avènement du Front populaire, les agents sanctionnés avaient été réhabilités et leur carrière progressivement reconstituée. Pour les militaires, les choses n’ont pas été faciles. Ramener tout ce beau monde à la caserne posait de multiples problèmes, en particulier à ceux qui ont grenouillé pas toujours à raison pour les mettre dehors. Néanmoins la préoccupation essentielle des réhabilités portait sur la reconstitution de leur carrière et le règlement complet de leurs droits. Pour des raisons subjectives, il y a eu beaucoup d’hésitations et de demi-mesures. La revendication des victimes s’est développée sous deux formes. Il y en a qui ont décidé de se tourner vers la justice.
D’autres, notamment les membres de l’ALDRO ont choisi de négocier avec la hiérarchie. Ceux qui ont choisi la voie judiciaire ont recouvré entièrement leurs droits tandis que ceux qui ont choisi de négocier sont encore sur la paille. Les accessoires de salaires (indemnités de logement, primes de qualification, primes à l’air, primes spécifiques,)toutes choses appelées indemnités statutaires du militaire demeurent toujours en souffrance. Le principe de leur règlement semblait pourtant avoir été acquis et n’était attendue qu’une instruction de l’Etat major général de l’Armée. Depuis, on attend. Quel est donc le problème ? Autre chose, la question de la nomination de militaires réhabilités au grade d’Adjudant chef Major. L’ordonnance N°91-0080/PRES du 30 décembre 91 règle la question en son article 7 : « la période d’éviction ou d’éloignement de l’administration est considérée comme temps de service effectif. » La conséquence est que les adjudants chefs qui au moment de leur dégagement ne remplissaient pas les conditions d’ancienneté requises les remplissaient au moment de leur réhabilitation. Là aussi, l’autorité hésite à appliquer les textes. Il est grand temps d’en finir avec cette affaire pour éviter toute exaspération préjudiciable à la paix sociale