Les Ouahigouyalais se sont posé mille et une questions en voyant l’accès à la place de la Nation bloqué par les forces de l’ordre ce matin du 17 septembre dernier. Des gendarmes et des policiers mobilisés pour boucler le périmètre de l’espace public de la capitale du Nord. La veille le 16 septembre, l’autorité communale a envoyé une correspondance à la coalition pour interdire la marche pour des raisons sécuritaires. La Coalition des organisations de la société civile et syndicats du Nord avait donné rendez-vous à la population pour crier leur ras le bol face à la situation sécuritaire désastreuse dans cette partie du Burkina. La cité de Naba Kiba est depuis plusieurs mois dans l’œil du cyclone des hommes armés qui rôdent autour d’elle avec des attaques permanentes.
Le dernier incident sécuritaire avant cette manifestation est l’attaque contre une patrouille de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) la nuit du 13 septembre 2022. Une embuscade qui a coûté la vie à un policier. L’interdiction de la manifestation a fait retentir de l’indignation, l’incompréhension et l’énervement auprès des responsables de la coalition. Ils considèrent ce refus comme une mauvaise foi des autorités et même une pratique d’une autre époque consistant à s’attaquer à la liberté, à la démocratie, donc à l’état de droit. La marche non-autorisée s’est transformée en une assemblée générale à l’Ecole Démocratique Populaire (EDP). Un lieu hautement syndical et qui est situé à environ 500 mètres à l’Est du rondpoint Naba Yadega. La déclaration de la coalition est intervenue vers 10h.
Le porte-parole de la Coalition, Cheick Abdoul-Dramane décrit la situation sécuritaire et humanitaire de la région du Nord. Les points essentiels sont l’éducation, le ravitaillement et l’accès aux soins de santé des populations prises aux pièges des hommes armés, les infrastructures routières, les convois de vivres, et l’équipement des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP). Des points de revendication qui auraient été remis à l’autorité régionale, selon le porte-parole de la Coalition Cheick Abdoul-Dramane Ouédraogo. Dès l’entame de la déclaration il présente le tableau :« Loroum se vide de sa population, sept communes sur 13 du Yatenga sont occupées par les hommes armés, les communes du Zondoma, frontalières du Yatenga et du Sourou, sont touchées. Les axes routiers reliant Yako, chef-lieu de la province du Passoré à Tema-Bokin et Yako-Bagare sont par moment contrôlés par les mêmes hommes armés ». La déclaration a fait l’objet d’échanges. Le responsable du Syndicat national des travailleurs de l’éducation de base (SYNATEB) Yatenga a décrit à la réalité de son secteur « 1924 écoles fermées, dont 644 au Loroum, 1219 au Yatenga, et 61 au Zondoma. Les élèves affectés et déplacés sont de 320 au Passoré, 33 825 au Loroum, 59 136 au Yatenga et 2 853 au Zondoma. Ce sont environ 400 enseignants en chômage technique dans la ville de Ouahigouya » souligne Madi Komi.
Face à cette réalité, la coalition a, dans sa déclaration interpellé le pouvoir actuel à plus d’action. Elle a formulé des recommandations comme « l’amélioration des convois, le renforcement de la sécurité, la dotation des VDP avec des moyens adéquats, la prise en charge adéquate des Personnes Déplacées Internes, la sécurisation des lieux de formation… » Avant de lever la rencontre, les responsables de la Coalition ont invité les membres à rester à l’écoute pour des mots d’ordre à venir, car disent-ils, la situation sécuritaire recommande davantage de mobilisation à tous les niveaux.
Aimé KARAM